dimanche 3 avril 2011

Une journée à l’école (petite pièce de fiction par Dung Pham, coopérant)

« Comme à chaque matin de la semaine, je me réveille au chant des coqs. Ma grand-mère est déjà debout depuis quelques instants, alors que mes frères et sœurs sont encore un peu endormis. Aussitôt sur mes deux pattes, je vais chercher de l’eau au puits pendant qu’il ne fait pas encore chaud. Une fois de retour à ma tente, j’enfile avec fierté mon uniforme d’école (grand-maman m’a promis de réparer les trous de mon pantalon et de refaire les boutons de ma chemise aussitôt qu’elle aura accumulé suffisamment de gourdes). Mon frère, Joachim, me taquine tous les matins avant qu’il ne quitte pour aller labourer la terre avec quelques-uns de mes frères plus âgés que moi.

En descendant la montagne en direction de l’école, je me rappelle ma promesse à grand-maman de ne pas salir mon uniforme durant le long trajet. Au bout de 30 minutes de marche, je rejoins mon ami Patouco et nous parcourons le reste du chemin ensemble. Une fois arrivés à l’école, nous retrouvons avec joie Wilner et Christel qui jouent avec une bouteille de liqueur transformée en « machine ». Ivenson est encore absent… il aide sa mère. Lorsque l’un des instituteurs annonce le début des classes, j’essuie rapidement la poussière accumulée sur mes souliers avant de rentrer.

Le maître inscrit la date au tableau et tire ensuite une ligne verticale pour séparer le tableau en deux parties égales. Sur le côté gauche, il écrit la phrase : « Les enfants sages vont à l’école. » Il se dirige vers l’autre partie du tableau pour indiquer aux élèves de l’autre niveau que la journée débutera avec la leçon de mathématique.

Alors que tous s’apprêtent à écrire dans leur cahier, un étranger blanc franchit la porte de la classe. Tous se lèvent et disent en chœur : « Bonjour, Monsieur. » Ce dernier nous salue et nous invite rapidement de la main à nous asseoir avant de s’asseoir lui-même à côté de Fiola. Après quelques instants, le monsieur se lève et se promène entre les rangées serrées afin de vérifier dans nos cahiers ce que nous y avons écrit. Il s’arrête pour parler à chacun d’entre nous tout en vérifiant nos travaux... c’est inhabituel. Nous ne comprenons pas tout ce qu’il dit parce qu’il parle en français, mais sentons qu’il s’intéresse beaucoup à nous.

Le maître étranger va ensuite au tableau et inscrit une série de phrases que nous recopions avec enthousiasme. Lorsqu’il passe devant moi et me demande de lui montrer mon cahier, je suis à la fois intrigué et excité. Il me demande de lire à haute voix les phrases. À la fin de ma lecture, il me regarde avec un large sourire et me félicite pour mon effort. Je sens à ce moment qu’il est très content de moi et j’en suis tout fier! J’ai hâte de raconter cette journée particulière à mes frères et sœurs, et surtout à ma grand-maman, cet après-midi une fois de retour à la tente! »

-- Dung Pham

/J.O.R.

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