jeudi 29 avril 2010

Jusqu'au 22e jour - Boucler la boucle

J’écris comme dans une bulle. Comme lorsque l’on sort d’une boîte à chansons, mais sans le cillement dans l’oreille. Le silence de ma maison ce matin est un délice. Haïti va me manquer, mais je suis content d’être dans la ouate de mon chez moi. Même la grippe me semble légère.

Parce que j’ai attrapé la grippe. Elle s’est déclarée dimanche, s’est accentuée lundi, pour ensuite faiblir suffisamment pour permettre un vol d’avion pas trop désagréable. Fatigue, poussière et enfants emmicrobés : la recette idéale pour amochée la fin d’un voyage...

Antonio et Émilie n’ont pas lésinés pendant mon repos cependant. Animation dans les écoles, visites des parrainés, séance de formation pédagogique, ascension à Laporte une fois de plus (pour constater que les cours ont repris), et j’en passe. De quoi être fier. De quoi célébrer.

Mardi soir, le temps était donc à la fête. Félix et sa famille nous ont organisé un party d’adieu touchant, tout en saveurs et en musique.

Figurez-vous un petit festin de grillot, de salade de pâte et de salade de choux, de chip de banane plantain et d’arbres véritable (légumes d’ici), le tout arrosé de Prestige, la bière du pays, et de chants religieux. Une vingtaine de convives se sont régalés à table, aux cuisines, un peu partout dans la petite cours, les chiens et le chat se faufilant entre nos jambes, en quête de miettes. Une fois le repas terminé, la vraie fête commence : les ustensiles cèdent leur place aux instruments de musique, qui semblent sortir de nulle part. Mon voisin de droite est trompettiste; Magnel, en chaise roulante à ma gauche, sort sa guitare; en face, des percussionnistes se relaient au tam-tam. Et puis il y a Marie, la fiancée de Magnel, qui chante, d’une voix juste et vraie, quelques notes pour nous dire au revoir et merci. Malgré mes cordes vocales enrouées, je rends la faveur et fait connaître à nos hôtes Je voudrais voir la mer de Michel Rivard. Après la cigale, c’est au tour de la fourmi : Antonio récite sa fable préférée. On connaît bien Lafontaine en Haïti, d’autres emboîtent le pas et, dans leur accent merveilleux, récitent les vieux vers comme on ne les récite plus par chez nous. En arrière plan, Ketlie et Émilie mène une ronde avec les enfants, les petits et les grands; on joue à la chaise musicale. Puis, dans un sentiment de bonheur et d’accomplissement, sur un air de chanson à boire, nous levons nos verres. Ils sont pleins.

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