vendredi 4 mars 2011

J’ai vu! (Témoignage de Louis)

« Quelques mots pour vous dire que je reviens d’Haïti.

J’y ai vu des enfants démunis marcher à l’école, vêtus de costumes très jolis et impeccablement propres. J’ai vu, au petit matin, des travailleurs joyeux déambuler sur le chemin. J’ai vu des hommes et des femmes faire la ronde en quête de travail. J’ai vu des ados joyeux se rendre aux services religieux tôt le matin et aussi le soir. J’ai vu des animateurs très animés motiver des victimes qui avaient toutes les raisons d’être découragées. J’ai vu des ouvriers transporter dans de simples brouettes le sable et le gravier, des manœuvres apporter sur leurs épaules des sacs de ciment de presque cent livres, des femmes transporter sur leur tête des chaudières d’eau, tout ça pour permettre aux cimentiers de brasser à la main le béton de la dalle du nouveau centre communautaire. J’ai vu des femmes laver le linge au soleil en chantant. J’ai vu des professeurs enseigner sous des abris de fortune en attendant la reconstruction de leur école. J’ai vu des menuisiers scier à la main de longues planches, faute d’électricité. J’ai vu des contractuels casser la pierre à la masse et au marteau; des artisans fabriquer, à partir de matériaux récupérés, les machines-outils dont ils avaient besoin. J’ai vu des travailleurs fabriquer, toujours à la main, dans des moules rudimentaires, des blocs de ciment. J’ai vu des centaines d'individus s’activer à la construction de routes. J’ai vu, j’ai vu au point de ne plus vraiment savoir tout ce que j’ai vu.

Alors, s’il vous plaît, ne me dites plus jamais que les Haïtiens sont fainéants, tarés et corrompus.

J’ai vu un peuple en difficulté. On le serait à moins. Si l’île de Montréal, dans la même minute, bondissait de presque deux mètres pour retomber lourdement, je suis prêt à parier que la population entière s’en remettrait aux gouvernements. Les Haïtiens, eux, ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ils se débattent, avec l’énergie du désespoir, pour rebâtir leur pays que tout le monde a exploité sans vergogne. Même les piles vendues au prix fort proviennent très souvent de produits rejetés ailleurs !

Malgré toutes les difficultés, me croirez-vous si je vous dis qu’en dépit de son triste passé, Haïti a un avenir?

Louis Ménard,

Stage effectué avec Antonio Di Lalla et Maryse Bouthillette, du 9 au 23 février 2011 »

/J.O.R.

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