Un parrainé de plus

Nous étions à la recherche d'un parrainé de plus. Nous l'avons trouvé mardi. Voici son tremblement de terre à lui, tel qu'il nous l'a fait connaître. (Le texte est d'Antonio).


Douglas Soifils

Douglas Soifils est un beau jeune homme de seize ans, assurément sûr de lui et brillant. Séducteur aussi.

Port-au-Prince, le mardi 12 janvier.

Les cours ont repris la veille. Douglas et Spenger, son jeune frère âgé de 11 ans, sont attablés dans la cuisine à faire leurs premiers devoirs, étudier leurs leçons. La session s'annonce aussi monotone que la précédante. Bof! C'est ça la vie d'écolier.

La pièce est petite mais éclairée à l'électricité. La caye est construite de plain-pied, en contrebas d'une maison plus cossue érigée sur deux étages. La douche est un cagibi attenant au mur arrière de la maison, monté en blocs de ciments, sans toit.

16h40. Estabella, leur mère, sort pour prendre une douche.

16h53. La terre bascule: une force herculéenne de 7,3. Estabela culbute contre les parois, Spenger est projeté sur le sol.

16H54. La maison construite en amont s'effondre sur celle des Soifils. Un mur de la cuisine céde, blessant légèrement Spenger. Quant à Estabela, elle est tuée sur le coup.

«As-tu eu peur? je demande stupidement à Douglas.
- Non, je ne pensais qu'à mon jeune frère.»

Les deux garçons découvrent le corps de leur mère quelques minutes plus tard.

Pendant ce temps, Pierre, comptable dans un hôtel de la ville, est broyé sous les décombres. On ne retrouvera jamais le corps de leur père.

Douglas a été recueilli par Dieula Saint-Surin, la soeur de sa mère qui habite Grand-Goâve; quant à Spenger, il a préféré se réfugier dans un camp à Port-au-Prince..

Sensible mais fier, Douglas nous raconte les événements, sans broncher.

«Je ne vais pas très bien», admettra-t-il.

Les études de Douglas seront assumées par les élèves de 4e secondaire de l'école Ozias-Leduc, grâce à l'active participation de leurs enseignantes de français.

Le rêve de Douglas? Devenir champion de tennis de table.